Le financement de contentieux, également appelé Litigation Finance, est un mécanisme financier permettant aux entreprises et aux particuliers d’accéder à des ressources pour financer leurs procédures judiciaires. À mi-chemin entre l’investissement et la dette privée, ce modèle est en plein essor et bouleverse la manière dont les litiges sont menés et financés.
D’un côté, les sociétés de gestion spécialisées ouvrent de nouvelles opportunités aux cabinets d’avocats en leur apportant des fonds pour mener des procédures. De l’autre, les plaignants bénéficient d’un soutien financier leur évitant d’assumer seuls le coût d’une action en justice.
Concrètement, ce financement couvre des frais judiciaires tels que les honoraires d’avocats et les frais de justice.
Ce modèle s’applique aux actions individuelles, mais aussi aux actions collectives, arbitrages et réclamations commerciales en cas de préjudice économique subi.
Comment fonctionne le financement de contentieux ?
Un modèle basé sur la rentabilité des litiges
Les sociétés de gestion de contentieux prennent un risque financier en finançant les frais judiciaires des affaires avec un fort potentiel de réussite et un montant élevé en dommages et intérêts. En contrepartie, elles perçoivent un pourcentage des sommes recouvrées en cas de succès.
Exemple concret : Un cabinet d’avocats engage une action en justice pour un client réclamant 10 millions d’euros de dommages et intérêts. Une société de gestion accepte de financer les 1 million d’euros de frais de procédure, en échange de 30 % des gains obtenus en cas de succès.
🔹 Les étapes clés du financement :
- Analyse et sélection des dossiers : les sociétés de gestion évaluent les affaires en fonction du montant en jeu et des chances de succès.
- Accord tripartite : signature d’un contrat entre le plaignant, le cabinet d’avocats et le financeur.
- Prise en charge des frais : la société de gestion finance le litige.
- Partage des gains en cas de succès : si l’affaire est gagnée, la société de gestion récupère son investissement + une commission (généralement 20 à 30 % des gains).
Dans certains cas, les sociétés de gestion ajoutent un intérêt annuel sur la somme prêtée afin d’améliorer la liquidité du fonds.

🔺 Les Risques :
- Perte de l’affaire = perte totale de l’investissement.
- Montant récupéré inférieur aux prévisions.
- Procédures judiciaires pouvant s’étendre sur plusieurs années.
L’importance de l’assurance dans le financement de contentieux
🔹 Pour réduire le risque, certaines sociétés de gestion souscrivent une assurance spécifique garantissant le remboursement des frais en cas de défaite judiciaire.
✅ Mécanisme de protection :
- L’assureur couvre l’investissement en cas de perte.
- Il perçoit une prime d’assurance prélevée sur les sommes récupérées.
- Certains fonds imposent des clauses de protection : par exemple, un capital restitué si l’affaire n’est pas résolue après un certain nombre d’années.
📌 Exemple : La société IVO Capital Partners applique une clause stipulant que si un cas n’est pas résolu après un certain délai, le capital est remboursé aux investisseurs par l’assureur.
🚨 Principaux risques :
- Défaillance de l’assureur en cas d’accumulation de dossiers perdus.
- Non-déploiement du capital si l’assureur réduit ses engagements.
Les avantages du financement de contentieux
💡 1. Décorrélation totale avec les marchés financiers
Le financement de contentieux n’est pas impacté par les cycles économiques, les taux d’intérêt ou la volatilité des marchés. Il repose uniquement sur les décisions judiciaires.
📌 Exemple : Une crise économique peut impacter les actions ou l’immobilier, mais n’aura aucun effet sur une procédure judiciaire en cours.
💡 2. Un placement à rendement asymétrique
Ce type d’investissement offre un potentiel de rendement très élevé, car le gain potentiel dépasse largement le montant investi.
📌 Exemple : Un fonds de financement peut investir 10 millions d’euros sur un portefeuille de litiges, et si 50 % des affaires sont gagnées, les retours peuvent être 4 à 10 fois supérieurs au capital engagé.
💡 3. Un des placements non cotés les plus rentables
Grâce à sa décorrélation et son asymétrie, cette classe d’actifs affiche des rendements annuels à deux chiffres.
📌 Exemple : Les fonds comme IVO Capital Partners annoncent un TRI net de 12 à 15 % par an, avec un taux de succès inférieur à 50 % des affaires. Certaines stratégies plus ciblées atteignent 16 % de rendement net annuel.
Un marché en pleine croissance
Le financement de contentieux s’est d’abord développé en Australie, avant de se démocratiser aux États-Unis en 2006 et en Europe plus récemment.
Quelques données :
- En 2022, le marché mondial représentait 900 milliards de dollars.
- Plus de 2 000 milliards de dollars de litiges étaient en attente de règlement dans les 30 premières juridictions mondiales.
- Croissance estimée : +10 milliards de dollars par an.
Exemple aux États-Unis :
- En 2013, seuls 7 % des cabinets d’avocats utilisaient ce financement.
- En 2018, ce chiffre est monté à 36 %.
Perspectives en Europe
En Europe, ce marché est encore peu exploité par les investisseurs locaux. Les principaux acteurs restent américains, britanniques et australiens.
- Taille du marché en Europe : 125 milliards d’euros.
- Seulement 0,8 % du marché est exploité.
- Croissance attendue : +8,8 % par an.
Avec des rendements élevés et une faible corrélation avec les marchés financiers, le financement de contentieux s’impose comme une classe d’actifs unique et prometteuse en Europe.
Conclusion :
✔️ Un marché en pleine expansion.
✔️ Une alternative aux placements traditionnels.
✔️ Un excellent levier de diversification avec des rendements attractifs.
Le financement de contentieux est désormais un pilier incontournable des stratégies d’investissement institutionnel et privé.