Le statut de micro-entrepreneur, conçu pour simplifier la gestion des petites activités, connaît en 2025 un bouleversement majeur avec l’abaissement du seuil de franchise en base de TVA à 25 000 €. Ce changement, introduit dans le cadre du Projet de loi de finances déposé le 24 janvier 2025, vient s’ajouter à l’augmentation des cotisations sociales de l’année précédente.
Hausse des cotisations sociales : un premier coup dur
Depuis le 1ᵉʳ juillet 2024, les micro-entrepreneurs ont déjà subi une augmentation progressive de leurs cotisations sociales :
- Pour les professions libérales affiliées à la CIPAV, le taux est passé de 21,2 % à 23,2 %.
- Pour les autres, la hausse s’est amorcée à 23,1 % en 2024, avec une progression vers 24,6 % en 2025 et 26,1 % en 2026.
Seuil de TVA abaissé à 25 000 € : ce que ça change
Jusqu’à présent, un micro-entrepreneur pouvait facturer jusqu’à 37 500 € (prestations de services) ou 85 000 € (vente de biens) sans appliquer la TVA. Avec le nouveau seuil abaissé à 25 000 €, beaucoup plus d’entrepreneurs seront soumis à cette taxe, avec des conséquences notables :
- Obligation de facturer la TVA dès que le chiffre d’affaires atteint 25 000 €.
- Complexification de la gestion comptable avec des déclarations fiscales à effectuer.
- Hausse des prix pour les clients non assujettis à la TVA, tels que les particuliers et certaines associations.
Rappel : comment fonctionne la TVA ?
La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est un impôt indirect qui impacte la quasi-totalité des transactions économiques en France. Lorsqu’une entreprise y est assujettie :
- Elle collecte la TVA sur ses ventes et la reverse à l’État.
- Elle peut récupérer la TVA payée sur ses achats professionnels.
- Elle paie à l’État la différence entre la TVA collectée et la TVA récupérée.
Exemple concret :
- Achat de matériel pour 1 000 € HT → TVA à 20 % = 1 200 € TTC.
- Vente d’un service pour 2 000 € HT → TVA collectée = 2 400 € TTC.
- TVA à reverser à l’État = 400 € – 200 € = 200 €.
Si le client est un particulier ou une association, il ne pourra pas récupérer cette TVA, ce qui représente un coût supplémentaire.
L’impact direct pour les micro-entrepreneurs
Jusqu’ici, le seuil de franchise en base de TVA permettait aux micro-entrepreneurs d’éviter cette taxe, leur offrant ainsi une gestion simplifiée et des prix plus compétitifs. Désormais, ce seuil étant ramené à 25 000 €, il sera beaucoup plus facile de le dépasser, obligeant de nombreux auto-entrepreneurs à facturer la TVA plus tôt que prévu.
L’impact sur les clients : une hausse de prix inévitable ?
Ce changement touche particulièrement les clients non assujettis à la TVA (particuliers, associations, professions médicales, etc.). Contrairement aux entreprises qui peuvent déduire la TVA, ces clients doivent absorber une augmentation de 20 % des tarifs TTC.
Le micro-entrepreneur doit alors choisir entre deux stratégies :
- Répercuter la TVA sur le client → augmentation du prix TTC.
- Absorber la TVA en réduisant son tarif HT → baisse de sa marge.
Exemple concret : un graphiste indépendant face à la TVA
Contexte :
- Chiffre d’affaires annuel : 26 400 € (2 200 €/mois).
- Avant 2025 : pas de TVA facturée.
- Avec la réforme : dès 25 000 €, application de la TVA à 20 %.
Scénario 1 : Répercuter la TVA sur le client
- Prix HT : 2 200 € → Facturation avec TVA (20 %) = 2 640 € TTC.
- Augmentation de 440 € par mois pour le client, soit une hausse de 20 %.
- Conséquence : risque de perdre des clients non assujettis à la TVA.
Scénario 2 : Absorber la TVA et réduire la marge
- Prix TTC inchangé à 2 200 €.
- Montant HT après déduction de la TVA : 1 833,33 €.
- Perte de 366,67 € par mois, soit 4 400 € sur l’année.

Un défi supplémentaire pour les micro-entrepreneurs
Avec l’abaissement du seuil de TVA à 25 000 €, de nombreux micro-entrepreneurs devront repenser leur stratégie tarifaire et leur gestion comptable. Ce changement, couplé à la hausse des cotisations sociales, ajoute un poids supplémentaire à un statut censé être simple et accessible.
Les micro-entrepreneurs devront désormais anticiper leur croissance, ajuster leurs prix et optimiser leur fiscalité pour éviter une baisse brutale de leur rentabilité.